Je veux… Arrêter de martyriser mon corps

J’ai une relation à mon corps assez compliquée. Ou plutôt rigide.

Je me suis mise en tête un poids idéal, un standard. Si la balance affiche le bon poids, tout va bien. Si par contre, elle a le malheur de m’afficher un poids différent, c’est la crise. Je me trouve grosse, moche. C’est même pire, je me trouve nulle, car après tout c’est de ma faute si je prends du poids. J’ai honte, je ressens de la culpabilité, je suis mal.

 

Pourquoi ce standard ? Je n’en sais rien. Je n’ai jamais été quelqu’un en surpoids. Je ne suis pas une adepte des régimes que je trouve bien trop stricts pour moi. Mais j’ai, par contre, toujours fait beaucoup de sport. Pour autant, j’ai rarement atteint mon idéal de poids.

 

Malgré tout, dans mon mental, ce chiffre me représente. Alors bien sûr, si je me raisonne, je me dis que ce n’est qu’un chiffre. Un chiffre qui fluctue en plus selon si je suis bien reposée, si j’ai un peu moins mangé la veille… Je me dis que je ne dois pas baser mon bien-être sur un chiffre, qu’il ne me représente pas réellement. Pour autant, le cheminement est difficile, laborieux, voire a été pendant longtemps inexistant.

 

En fin d’année dernière, j’ai suivi (ou plutôt subi) pendant plusieurs mois un traitement hormonal. J’ai eu plusieurs injections d’Enantone en plus d’un traitement sous la forme de cachets. En 7 mois,  j’ai pris près de 15kg.

Alors, bien sûr, cette prise de poids n’est pas liée qu’aux hormones. Ma maladie m’a empêchée pendant toute cette période de faire de l’exercice. Alors qu’avant je pratiquais la marche active tous les jours, je me suis retrouvée du jour au lendemain alitée toute la journée.  A cet arrêt de l’activité, je dois reconnaître que j’ai aussi eu tendance à oublier mes douleurs dans les sucreries et les gâteaux apéros. Alors forcément les kilos sont venus. C’est mathématique : j’ai consommé plus de calories que je n’en ai dépensées.

 

Et d’ailleurs, peu importe la cause de ma prise de poids. Mon intention n’est pas de chercher un coupable. Non, mon intention est de comprendre pourquoi 2 malheureux chiffres me font autant de mal.

Car pour autant, malgré mes 15 kg en plus, je n’ai pas changé. Bien sûr, j’ai changé physiquement, mais au fond je suis toujours la même. Mes valeurs sont les mêmes.

Alors pourquoi ma tête refuse d’accepter mon nouveau corps ? Pourquoi je refuse de reconnaître que je suis toujours moi, Barbara ?

 

Jusqu’à dimanche dernier, j’étais dans un tel déni que je continuais à porter mes habits d’avant ma prise de poids. Je n’étais plus à l’aise dans mes jeans, dans mes sous-vêtements. Tant pis, je m’obligeais à les mettre quand même. Et lorsque dans la journée je ne supportais plus la douleur occasionnée par la pression exercée sur la cicatrice de mon hystérectomie, je me changeais et j’enfilais un jogging difforme.

C’est là que je dois dire quelle idiote !

Comment je peux m’acharner à martyriser mon corps comme ça ?

C’est lui qui m’a permis de dépasser l’épreuve de ma maladie. C’est lui qui a été charcuté, qui a subi des agressions médicamenteuses pendant de longs mois. C’est lui qui m’a dit « maintenant, ça suffit, tu te reposes ! ». Et moi, je continue à le maltraiter alors qu’il fait tout pour me donner l’énergie pour aller de l’avant.

 

Alors dimanche, je suis allée faire du shopping.

Pour la petite histoire, c’est dans la section femme enceinte que j’ai cherché mes nouveaux habits. Moi, dont on a enlevé l’utérus il y a 2 mois !

Et j’ai trouvé. Je me suis achetée des sous-vêtements et un pantalon de 2 tailles supérieures aux habits actuels de ma garde-robe, mais ceux-là sont à MA taille. J’ai plaisir à les mettre et je me sens bien dedans.

Depuis je revis. Je me sens même belle dans mes nouvelles fringues.

 

Cela m’a fait comprendre qu’au-delà du chiffre sans valeur, c’est mon bien-être que je dois regarder. Comment pouvais-je espérer me sentir bien dans des habits bien trop petits pour moi ?

C’était impossible. Chaque mouvement me ramenait inlassablement à ma prise de poids. Il m’était même difficile d’effectuer les exercices d’étirement destinés à me soulager sans avoir peur de faire craquer les coutures…

J’ai enfin compris que mon corps est un outil formidable. Grâce à lui, je peux à nouveau marcher en forêt, et j’espère bien sous peu courir après mes garçons…

 

Alors oui, j’ai encore du mal parfois à me regarder dans une glace. Mais quand je regarde mon corps, je le fais de plus en plus avec bienveillance. Il porte les stigmates de ma vie. Il fait partie de moi. Il est moi. Alors j’ai décidé de ne plus le martyriser, lui qui m’a tant donné. Avec le temps, j’espère même arriver à l’aimer.

 

Et vous, arrivez-vous à respecter votre corps, à l’accepter tel qu’il est?

 

PS : Photo prise en Sardaigne

2 réflexions sur “Je veux… Arrêter de martyriser mon corps”

  1. Non je n.y arrive pas , je me pese chaque matin, et mon poids détermine ma bonne ou mauvaise humeur de la journée ( alors que l’on parle parfois de 300g) , c’est trop bête mais C’est plus fort que moi

    1. Merci Caro pour ton commentaire. La question à te poser c’est pourquoi te faire du mal à te peser tous les jours?
      Parfois, on fait les choses par habitude, parce qu’on pense qu’on doit les faire, que c’est comme ça, que c’est mieux pour nous.
      On dit que pour chasser une mauvaise habitude, il faut ne pas la faire pendant 30 jours d’affilée. Peut-être pourrais-tu te lancer le défi de ne pas te peser pendant 1 mois. Voir comment tu le vis. Si c’est si terrible que ça? Si cela te fait du bien? Si 1 mois te semble trop long, tu peux peut-être essayer sur 15 jours, ou 1 semaine et puis petit à petit tu augmentes.
      Qu’en penses-tu?

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